Hector Charland
1er Juin 1883 - 27
Décembre 1962
Hector Charland est né à
l'Assomption, le 1er juin 1883, dans le rang du Point du Jour Sud, fils de
Louis Charland et de Marie-Lina Baignet. C'est l'année de l'inauguration de la
salle académique du Collège de l'Assomption... C'est l'époque où s'est imposé
le modèle des tournées théâtrales européennes et américaines, la première
visite de Sarah Bernhardt et surtout l'arrivée du vaudeville américain qui
attire le public populaire. Rappelons qu'il n'y a pas 10% des activités
théâtrales qui se donnent en français a Montréal! Encore écolier, Hector gagne
un concours où il récite l'évangile du dimanche des Rameaux. Il est tellement
ému qu'il perd connaissance: il a trouvé sa vocation et elle ne le lâchera
plus. Il étudie au Collège de l'Assomption, où évidemment, il joue sur la scène
de la salle académique. Il se forme en droit et voulant assurer un revenu
régulier à sa famille, il accepte le poste d'assistant-greffier à la cour
d'appel de Montréal. Il sera acteur, en même temps, quasi à plein temps.
Dans les années 1910, il
interprète les rôles les plus variés, du classique au contemporain. Il fait
partie des cercles artistiques : Ville-Marie, Lapierre, Melançon. Il ne joue
évidemment pas pour l'argent mais "pour satisfaire sa passion terrible et
délicieuse". Un aspect moins connu de sa carrière : il est mêlé à
l'avant-garde théâtrale, avec la troupe Les Compagnons de la Petite Scène (un
des directeurs est Alfred Vallerand) qui se propose de faire connaître le
"théâtre actuel". En mars 1923, en s'inspirant de Jacques Copeau et
de ses mises en scène au Vieux-Colombier de Paris, la troupe présente Le mort à
cheval, d'Henri Ghéon. Elle ajoute Michel Auclair de Charles Vildrac. Une belle
controverse s'ensuit. Cette troupe veut se distinguer "des troupes de
tournée, des scènes régulières et de leurs concurrents amateurs". Elle a
des imitateurs, des gens qui cherchent l'intégration des artisans de la
création, dans la même quête de nouveauté et d'initié.
La Société Saint Jean-Baptiste de
Montréal invite des groupes "modernes" au regroupement, au théâtre du
Monument National, dans le même organisme central appelé les Soirées de
Famille. Il n'y aura pas de "petit théâtre" expérimental... On voit
l'étendue de son registre quand Hector Charland participe aussi aux Soirées du
Bon Vieux Temps, animées par Conrad Gauthier. Il y croise Ovila Légaré et
Juliette Béliveau. Dans ces mêmes années 1920, il joue régulièrement au théâtre
du Gésu, appartenant au collège Sainte-Marie de Montréal. Presque un théâtre
institutionnel. Il est alors membre du cercle dramatique des Anciens (sans en
être un) et joue sur cette scène trois ou quatre fois par an, pendant 27 ans,
les rôles principaux les plus divers : Flambeau dans l'Aiglon, Le Malade
imaginaire, le Bourgeois gentilhomme, le gendre de monsieur Poirier, etc.
Une pièce événement sans
équivalent dans l'histoire théâtrale lance sa popularité. L'abbé Jean d'Avila
Ethier de Saint-Jérôme, compile des textes sacrés et monte en 1925, le drame
par excellence : la Passion, en cinq actes et 25 tableaux, 421 personnages et
125 chanteurs. Hector joue le rôle du Christ. L'année suivante, on bâtit un
auditorium pour cette pièce. À la première, le 16 août 1925, il y a 2500
spectateurs. Au moins 20 000 personnes à la première saison. On y tiendra des représentations
tous les dimanches de 1925 à 1928, sauf l'hiver où l'on y joue au hockey...
Durée de la pièce : de deux heures de l'après-midi aux "petites heures de
la nuit"... On vient de partout, jusqu'en Nouvelle-Angleterre. Lorsque les
dettes de la paroisse de Saint-Jérôme sont remboursées, les évêques font cesser
ce "divertissement" dominical...
Hector Charland n'est pas
sédentaire. Avec les cercles artistiques, il joue au Québec, en Ontario et aux
États-Unis. Il débute à la radio, à CKAC, avec le premier radio-roman de la
station Le curé du village, de Robert Choquette, en 1935-1938. Il le reprendra
au cinéma, en 1949. Il sera également une des vedettes de l'émission Le
Ralliement du rire avec Fred Barry et Gérard Delage. Et puis arrive Séraphin
Poudrier, le rôle mythique d'une génération d'auditeurs.
En 1939, Radio-Canada demande à
Claude-Henri Grignon, l'adaptation de son roman Un homme et son péché. Grignon
donne à Charland le rôle de Séraphin Poudrier. Il interprète le rôle de
l'avare, tous les soirs, durant 15 minutes, de 1939 à 1962. Durant sept ans la
réalisation est signée Guy Maufette, et sera reprise ensuite par Lucien
Thériault. Le succès est si grand que l'auteur écrit, en 1942 une série de
sketches, les Paysanneries où Charland joue sur scène son fameux personnage.
Les "voix" de la radio
sont alors visibles : Estelle Maufette (Donalda), Albert Duquesne, Amanda
Alarie, Juliette Huot, Fred Barry. À Ottawa, après la représentation, des
spectateurs veulent malmener le "maudit Séraphin". Charland a besoin
de la police... Le cinéma s'empare de l'acteur. Un homme et son péché, sort en
1948, Séraphin, en 1949. Dans ce
dernier, Nicole Germain joue Donalda et Guy Provost, Alexis Labranche.
En 1956, la télévision toute
neuve, s'empare elle aussi du roman. Charland ne joue pas Séraphin mais le père
Évangéliste (le père de Séraphin Évariste Poudrier) dans Les belles histoires
des Pays d'en Haut. Une époque se termine. Le personnage est devenu un type. Il
va demeurer dans les consciences. On dit "un Séraphin" pour parler
d'un avare. Le comédien peut sortir de scène. Déterminé comme un paysan,
pionnier comme un défricheur. Il meurt le 27 décembre 1962. Il a réussi, fidèle
à sa vocation.
Ce texte est une
gracieuseté du Théâtre Hector Charland
Notes biographiques
rédigé par Christian Morissonneau
Photo - Collection
Jean Layette
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire